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Autour de mâyâ : les neurones

La conférence de Jean-Pierre Luminet, astrophysicien, sur la mâyâ cosmique (conférence du lundi, 27 novembre 2006) a provoqué une réponse de Lucien Kehren, docteur es sciences, qui a bien voulu nous communiquer ses propres réflexions.

Autour de mâyâ : les neurones

Je pense que nous sommes assez différents des manifestations de la nature car nous sommes de l’essence universelle du cosmos dont la nature n’est qu’une des particularités.
J’évoquerai un symbole même de l’espèce humaine qui est le chiffre 3. L’espèce humaine ne peut être que 3, le mâle, la femelle et l’enfant. S’il n’y a pas l’enfant il n’y a pas l’espèce. La vie s’impose en 3 phases pour l’homme : naître, vivre, mourir. Les 3 coups, les 3 notes de la 5ème symphonie ont une puissance extraordinaire bien qu’extrêmement simple. Beethoven disait que c’est le destin qui frappe trois fois à la porte.
L’eau se trouve sous trois formes dans la nature : la forme solide, la glace et la neige, la forme liquide, l’eau, et la forme gazeuse, la vapeur. Mais aussi la vie repose sur l’eau et l’eau est formée de 3 atomes H2O, deux d’hydrogène et un d’oxygène. Si l’on fait le calcul par numéro atomique, l’hydrogène est représenté par 1, et l’oxygène par 16 ; donc on a H2, ce qui fait 2, plus l’oxygène, 16, ce qui fait 18, et 18 c’est 2 fois 9, c’est donc aussi un multiple de 9. Les formules qui correspondent à des mouvements d’électrons sont aussi un multiple de 9.
D’autre part, dans la nature, il existe trois règnes, animal, végétal et minéral. La plupart des religions ont trois dieux, trois formes, même notre religion chrétienne. Pourquoi a-t-on pensé qu’il y avait Dieu le père, Dieu le fils et le saint-Esprit, alors que dans l’enseignement du Christ il n’en est pas du tout question ? Il a fallu trouver l’existence d’un père, d’un fils et d’un saint-Esprit alors que celui-ci n’est finalement que l’émanation de la pensée de celui qui est le père et le fils à la fois. C’est bien un comportement de la psychologie humaine de ramener tout au chiffre 3. Le comble du bonheur chez les Mongols c’est le 9, c’est à dire 3 fois 3, qui est encore plus exaltant que 3.

On a dit pendant des siècles que le monde était constitué de quatre éléments : la terre, l’eau, l’air, le feu. À la lumière de la science moderne, on peut affirmer que cette conception est une erreur ; il n’y a que trois éléments : la terre, l’air et l’eau. En effet, le feu n’est qu’une oxydation ou une incandescence de matières en provenance de ces trois éléments, déclenchée par une énergie extérieure, thermique ou choc. Les éléments disparaissent quand le combustible est épuisé : les gaz rejoignent l’air, les cendres des matières organiques ou minérales rejoignent la terre, et l’eau en vapeur (ou dissociée en hydrogène et oxygène) retourne à l’eau. Quand il s’agit de matières organiques, le feu n’est que le résultat d’une oxydation du carbone qu’elles contiennent. Quand il s’agit de matières minérales (carbonates ou oxydes), la force des calories, (par exemple dans les volcans) les décompose en corps simples, ou nouvellement composés suivant les lois atomiques de la chimie, dont tous rejoignent la terre ou l’eau. Il ne reste donc plus rien de l’élément feu, d’autant que les calories qui le représentent sont en réalité des ondes infra-rouge qui s’éloignent dans le cosmos.

Pour faire un corps vivant, si petit soit-il, il faut trois éléments basiques : du carbone, de l’oxygène et de l’hydrogène. Mais surtout, rien ne peut se faire sans l’eau. L’eau est nécessaire à la vie. Pour toutes ces combinaisons dont on a parlé, il faut que la molécule d’eau soit présente pour que les échanges nutritifs se passent, ainsi que l’élimination des déchets et les transmissions d’énergie. même si des formes de vie vont apparaître avec d’autres éléments, comme l’azote, le phosphore, le cuivre etc, car il faut que tout soit relié par l’eau.

Nous sommes constitués par plus de vide que de matière, car les liaisons dans la matière ce sont aussi des petites particules douées d’énergie. Cette énergie entre en contact avec d’autres énergies provenant d’autres objets. Donc, entre les objets, il y a toute cette profusion d’énergie qui fait que la partie qui nous semble vide est en réalité remplie d’énergie, et beaucoup plus importante que les parties matérielles elles-mêmes. Ainsi un corps vivant contient peu de matière par rapport à ce qu’on appelle le vide, mais qui n’est pas le vide. Ce sont des énergies qui permettent toute existence. Le vide n’existe pas et ne pourrait exister que s’il n’y avait pas le temps. Le vide deviendra possible lorsque le temps de constitution de toute chose s’arrêtera. S’il y a du temps, rien n’est vide. Le temps lui-même étant un symbole d’énergie. L’évolution est toujours une source et une dépense d’énergie, et puisque le temps évolue dans notre conception, c’est de l’énergie, et si tout s’arrête, c’est qu’il n’y a plus de temps. S’il n’y a plus de temps, rien ne peut exister, puisqu’il faut du temps pour que quelque chose existe.

Nos sens d’observation sont très grossiers, nous ne voyons que des ensembles, mais nous avons inventé des instruments. Donc, prenons un microscope électronique et regardons un morceau de peau qui nous paraît bien solide. On s’aperçoit que ce morceau de peau est formé de molécules et d’atomes qui se trouvent, à leur échelle, à de grandes distances. Mais le phénomène le plus remarquable est l’énergie, parce que ces substances dont on vient de parler ne cessent de tourner sur elles-mêmes, d’échanger des énergies entre elles. Rien n’est immobile, tout est en mouvement.. L espace entre la terre et les planètes est rempli par l’énergie émise par le soleil, cette énergie qui nous fait vivre alors que nous ne cessons de tourner sur nous-même et le soleil sur lui-même, lui-même appartenant à une galaxie qui tourne aussi dans l’espace.

Le vide intérieur que nous formons dans notre esprit peut exister, mais c’est un autre aspect des pensées, lesquelles sont indéfinies. Et on ne peut pas dire que l’on remplace une pensée par une autre parce que l’on ramène tout à l’anthropomorphisme : on voit de l’eau qui s’écoule, une pierre que l’on jette au loin, tandis que rien de tout cela n’existe en réalité, ce n’est que l’expression de l’échange d’énergie. L’énergie elle-même est devenue pour nous un grand mystère depuis la physique quantique, puisque de temps en temps ces petites particules se transforment en ondes, en vibrations. A l’observation, ces vibrations, de temps en temps, se retransforment en matière, mais pas à l’endroit où on pense qu’elles doivent se trouver, ce qui fait que la physique quantique est la barrière des connaissances humaines. On pénètre là au plus profond, dans la plus petite partie de la matière pour essayer de la comprendre et rien ne dit qu’il n’y ait encore plus petit. Notre connaissance dépend des appareils que nous avons fabriqués pour supplanter la sensibilisation de nos connaissances par nos sens trop grossiers. On ne sait pas par rapport à quoi cela existe, ce qui veut dire que nous ramenons toujours tout à nous-mêmes.

Notre pensée n’est que l’émanation de quelque chose qui se passe dans le corps, dans notre cerveau. C’est un phénomène physiologique qui se produit, et qui représente pour nous une pensée, ce qui signifie que la pensée ne naît pas de rien. Elle naît d’une action, d’un mouvement physiologique qui se produit dans ces milliards de neurones que nous avons dans notre cerveau. Ce sont ces neurones qui font tout et qui s’assemblent d’une certaine façon, dans un certain groupe et qui émettent quelque chose que nous transformons en pensée. Mais en réalité ce n’est pas la pensée elle-même. La pensée est la conséquence d’une action physiologique, microscopique, à l’échelle des neurones. Le doute est même la lumière. Nous n’avons pas de lumière en nous. Cela n’existe pas. La lumière est formée de radiations venant du soleil. Il y a le rouge, le bleu, l’orange… qui en se mélangeant donnent du blanc. Les neurones nous font interpréter des choses qui n’existent pas en réalité, mais qui étaient inscrites sous d’autres formes, dans d’autres neurones et dont la combinaison fait croire que telle chose existe. On peut très bien avoir une vision et qu’il n’y ait rien eu du tout. Les neurones, de temps en temps, se mettent à travailler un peu en désordre, pendant notre sommeil. Pendant que nos cellules grises se reposent, certains neurones se mettent à s’agiter et nous font voir des objets, des personnes, entendre des voix dans notre sommeil, qui n’ont jamais existé. Les neurones restituent certaines phases de choses déjà vues et les construisent avec des objets, des formes, des personnes qui en réalité n’ont jamais vraiment existé mais qui sont la combinaison des empreintes qu’avaient gardées les neurones, le souvenir de choses vues, entendues, etc. C’est la raison pour laquelle nous avons des milliards et des milliards de neurones, plus nombreux que tous les astres détectés dans l’univers. On dit d’ailleurs qu’à l’approche de la mort, on revoit sa vie, ce qui prouve que tout est enregistré dans les neurones. Nous oublions des choses et puis vingt ou trente ans après nous nous en souvenons à nouveau avec des détails. C’est toujours là, mais il n’y avait plus la communication avec les neurones qui sont en exercice et qui nous permettent de vivre normalement notre vie sur terre. Les neurones qui constituent le stock de réserve conservent tout ce qui s’est passé dans notre existence et sont capables de temps en temps d’en restituer un ensemble, une partie, un détail, de manière spontanée. Il est possible d’imaginer qu’en dehors des neurones visibles grâce aux microscopes électroniques, il existe des neurones que l’on pourrait qualifier de nature spirituelle ?

On a essayé de fabriquer naturellement du vivant en laboratoire où l’on mettait tout ce qu’il fallait comme gaz, produits organiques… On a fait passer des énergies électriques, des rayons X, etc. dans l’espoir de fabriquer au moins un virus, la chose vivante la plus simple qui soit. On n’a jamais pu. On ne sait pas comment la vie est venue ni comment elle se transmet. Quand elle s’arrête, que devient l’énergie ? Elle disparaît pour nous dans le milieu matériel, mais dans l’idée d’une substance générale, elle retourne dans un milieu qui est celui de l’énergie spirituelle. Nous ne savons pas ce que devient la force de la vie lorsque le corps se décompose. On peut imaginer une réincarnation. C’est une énergie qui n’est pas du domaine de nos énergies à nous, c’est-à-dire qu’elle s’en va et n’a plus rien à voir avec nous. Les êtres qui naissent reçoivent de cette énergie, mais celle-ci n’a rien à voir avec nous et avec nos connaissances. C’est de l’énergie pure. Ce qui fait que l’on ne peut se rappeler vraiment qui on était autrefois, bien qu’il y ait des phénomènes assez curieux. J’ai vu l’autre jour un jeune prodige de quatre ans jouer du Chopin de telle façon que l’on peut imaginer une réincarnation du compositeur. Mais tout cela est du domaine des neurones. On n’a aucun moyen de mesurer ces choses-là. Il faut se résigner et croire.

Quand la vie s’en va, les composants de l’organisme détruits, probablement, les neurones retournent dans la nature et participent à nouveau au cycle, sans se souvenir de leur origine. L’origine est notre mémoire et celle-ci est un ensemble de neurones, mais quand ceux-ci ne sont plus reliés entre eux, la mémoire disparaît. c’est seulement l’union de ces neurones, les liens qui existent entre eux par les synapses qui provoquent telle ou telle réaction, telle ou telle image, pouvant amener le souvenir. Pour pouvoir agir, il faut qu’il y ait un lien de l’un à l’autre, et c’est le lien qui transmet l’énergie vitale, mais quoi, qui est celle-ci ?